De l’énergie verte avec du compost à la méthode Jean Pain

La « méthode Jean Pain » est un système ingénieux de production d’énergie thermique et d’engrais à partir de la décomposition de compost de broussailles élaboré à la fin des années soixante par Jean Pain, un autodidacte installé dans le Var.

Grâce à cette technique, certains agriculteurs ont pu faire pousser des légumes en serre à -35 degrés en janvier, sans électricité. La chaleur créée par les bactéries du compost est par la suite récupérée par un système de tuyauterie situé sous le compost qui chauffe l’eau.

Cette technique de Jean Pain pourrait assurer la sécurité alimentaire à grande échelle. Elle permet de cultiver de grandes quantités de légumes toute l’année.

Le compost est d’ailleurs écologique. Il permet notamment d’éliminer des cultures pesticides et engrais chimique. Une fois que les bactéries ont transformés votre compost en humus, vous n’avez plus qu’à le répandre sur vos cultures.

Le schéma suivant décrit le fonctionnement de cette mini « centrale bio-thermo-électrique ».

Au centre du dispositif se trouve une cuve d’acier hermétique de 4 mètres cubes remplie au trois quart de broyats en cours de fermentation et macérant dans l’eau. C’est le processus de fermentation qui va produire environ 500 mètres cubes de méthane dans les trois premiers mois. Une fois filtré, le bio gaz produit alimente deux fours, une gazinière ainsi qu’un petit générateur électrique.

On déroule également environ 200 mètres de tuyauterie autour de la cuve tout en la recouvrant d’environ 40 à 50 tonnes de broyat arrosé copieusement. Le « gâteau cylindrique » de 3 mètres de haut et 6 mètres de diamètre qui en résulte va produire de la chaleur en fermentant. Raccordé à un puits, l’eau entre froide dans le système et en ressort à une température de 60 degrés à un débit de 4 litres par minute.

Cette mini centrale est capable de produire de l’énergie pendant environ 18 mois, à l’issue desquels le système doit être démantelé puis reconstruit avec un nouveau broyat. Elle fournit également un excellent engrais naturel et équilibré sous forme d’humus. Il faut compter environ 1 hectare de forêt pour récolter les 40 tonnes de branchages et de broussailles nécessaires à la confection du tas de compost.

Pour la petite histoire, Jean Pain vivait en Provence, sur un terrain de 250 hectares dont il avait le gardiennage, dans une région où des incendies provoquaient régulièrement des drames. A la fin des années 60, il a commencé à débroussailler son terrain pour éviter les feux.

Il a trempé les broussailles dans une mare et les a broyées pour les composter. Il s’est rendu compte à ce moment-là que ça donnait un très bon compost, il a réussi à y cultiver des plants de tomates de 3 m de haut sans aucun arrosage.

Au début des années 70, un marchand de vin, Armand Ell est tombé par hasard sur Jean Pain. Il a vu que sa méthode de production de compost était formidable, et il a reproduit la même chose à Bruxelles, dans le parc de Schaerbeek. Il a commencé par y planter de la vigne et des tomates et il a lui aussi eu des résultats impressionnants.

Frederik Vanden Brande, un Belge qui présidait une association d’agriculture biologique, a vu ça en 1974. Il a décidé d’aller rencontrer Jean Pain et de reproduire le concept à Londerzeel, dans le Brabant Flamand, où il a couvert de compost un terrain de 80 ares. Il a ensuite créé le comité Jean-Pain en Belgique en 1978, à la demande de Jean Pain. Mais Jean Pain est mort trois ans plus tard et le comité est toujours resté un peu dans l’anonymat du grand public.

En 1981, juste avant la mort de Jean Pain, le Reader’s Digest a publié un article en seize langues qui a fait connaître la technique partout dans le monde.

Dans ce film sur Jean Pain publié sur Youtube en 2008 de très mauvaise qualité, d’origine inconnue et en langue allemande, on voit Jean Pain former un grand tas de broussailles broyées pour cultiver ses légumes, chauffer sa maison, et produire du méthane qui permet d’alimenter la 2CV, dans laquelle roule Jean Pain au début de la vidéo.

Le neveu de Jean Pain, Etienne Bonvallet, a poursuivi l’œuvre de son oncle et dirige aujourd’hui une entreprise qui commercialise des broyeurs à végétaux. Il confirme qu’un large pan des découvertes de Jean Pain est tombé dans l’oubli après sa mort :

« La méthode Jean Pain a eu une audience planétaire pendant le choc pétrolier, parce qu’il parlait un peu d’énergie. Mais le cœur de son concept, c’est le compost, qui apporte au sol une matière vivante, fraîche et très fertile. Il a vendu au moins 100 000 livres un peu partout dans le monde et il a été fait Chevalier du mérite agricole pour cette découverte. Beaucoup de jardiniers se servent de sa méthode aujourd’hui mais on n’a bien sûr aucun décompte, aucun suivi.

Par contre, l’utilisation du tas de compost pour le chauffage est très marginale. Il faut des quantités de matière énorme, on estime qu’il faut un volume de broussailles égal au volume de la maison à chauffer. Ça ne me paraît pas vraiment possible pour un particulier. »

En 2013, une vidéo très remarquée, tournée chez le célèbre fermier du Vermont Ben Falk par Possible, un média alternatif canadien, montrait une serre chauffée de la même manière.

Le Comité Jean Pain en Belgique continue de promouvoir les méthodes Jean Pain et propose un certain nombre de stages.

Groupe Facebook dédiées à la permaculture.

Source :

Ecolopop.info
Jean Pain

2 réflexions sur “De l’énergie verte avec du compost à la méthode Jean Pain

  1. Voici un article qui replace les différents éléments qui constituent la chaîne, dont le réacteur Jean PAIN, le potager, l’aquaponie, le lombricompostage et la lombriculture…

    ]http://www.pierre1911.fr/2016/06/les-matieres-organiques-cle-de-voute-du.html

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